Le 15 octobre 2017, lors d’une interview télévisée du Président Emmanuel Macron, le public français a pu apercevoir l’ameublement du bureau présidentiel, situé dans le salon d’angle du palais de l’Élysée. Un élément en particulier a attiré l’attention de certains internautes : le tableau tricolore de Shepard Fairey intitulé “Liberté, Égalité, Fraternité,” accroché derrière le Président, dans lequel certains ont vu un symbole occulte. Après avoir analysé minutieusement ce tableau (voir notre page “Ceci n’est pas une Marianne“) et réalisé que la présence d’autres symboles occultes dans le bureau ajouterait une signification supplémentaire à nos observations précédentes, nous avons tourné notre attention vers un autre élément du décor : nous présentons ici notre analyse du grand tapis en velours noir qui recouvre le sol du bureau.
Des similarités avec un symbole occulte
Le Mobilier national attribue le tapis au plasticien français Claude Lévêque. Exécuté en 2007 par la Manufacture de la Savonnerie, cet ouvrage représente un lustre sphérique aux pendeloques de cristal, éclairé par trois ampoules, sur un fond noir. C’est le nom que l’auteur a donné à son œuvre qui a d’abord attiré notre attention : Soleil noir. Ce terme, certes employé dans des domaines divers et qui sert de titre à plusieurs réalisations artistiques (romans, films, chansons etc.), est aussi le nom d’un symbole ésotérique ; un signe particulièrement controversé puisqu’il a trait au mysticisme nazi. En faisant quelques recherches, nous avons découvert que ce symbole apparaît sur certains drapeaux de la mouvance néonazie et nous fûmes surpris de pouvoir constater des similarités entre ces drapeaux et le tapis de Claude Lévêque : la photographie suivante montre l’ouvrage dans son intégralité alors que les deux images qui suivent présentent le symbole du Soleil noir tel qu’il apparaît sur les drapeaux néonazis (source : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Black_Sun_Flag.svg).
Il est difficile de ne pas remarquer certains points communs :
- les couleurs : un motif clair sur un fond noir
- les formes : un motif circulaire, rayonnant, inscrit au centre d’un rectangle
- les proportions :
- le rapport de la longueur et de la largeur du tapis est proche de celui de la longueur et de la largeur des drapeaux
- le lustre occupe sur le tapis à peu près le même espace que le motif circulaire occupe sur les drapeaux
Bien sûr, il pourrait ne s’agir là que de coïncidences. Il convient donc d’étudier davantage le symbole nazi et de déterminer si certains faits pourraient corroborer nos suspicions.
« Die Schwarze Sonne », le Soleil noir nazi
Le symbole du Soleil noir (en allemand « Schwarze Sonne »), encore utilisé de nos jours dans les cercles néonazis, fut créé par Karl Maria Wiligut (1866–1946), un intellectuel ésotérique autrichien, membre de la Schutzstaffel (la SS) et chantre de l’idéologie mystique nazie. Ce signe est composé de trois svastikas (croix gammées) étroitement enlacés (voir l’image colorée ci-après). On peut aussi le décrire comme la répétition à douze reprises de la rune Armanen « sig ». Tout comme le svastika, cette roue solaire fut employée comme symbole par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale.
Le Soleil noir du château de Wewelsburg
Le symbole de Karl Wiligut apparut pour la première fois au château de Wewelsburg en Allemagne après que la SS en eut pris le contrôle en 1934. Heinrich Himmler (l’un des plus hauts dignitaires du Troisième Reich et maître absolu de la SS) destinait l’endroit à devenir le centre spirituel de l’empire germanique et il considérait l’axe de la tour nord comme son centre absolu. Sous son commandement, le château fut remodelé (par les prisonniers d’un camp de concentration installé spécialement à proximité) et une salle particulière fut aménagée dans cette tour : le hall des généraux SS (en allemand « Obergruppenführersaal »), comprenant douze colonnes, douze fenêtres, une voûte et un sol de marbre décoré en son centre d’une mosaïque circulaire vert foncé : le Soleil noir. Directement au-dessous du hall, là où se trouvait autrefois une citerne, les SS créèrent une crypte selon le modèle d’un tombeau mycénien. Ils abaissèrent le sol de près de cinq mètres et installèrent un tuyau qui suggère que le centre de cette crypte était destiné à accueillir une flamme éternelle. Douze piédestaux surmontés de niches furent installés sur le périmètre de la crypte et la clé de voûte fut ornée d’un svastika. (Source Wikipedia). Les images ci-après montrent la salle des généraux, la crypte et une vue générale du château avec sa tour nord en arrière plan.
Fort de ces informations nous pouvons ajouter quelques éléments supplémentaires à notre liste des similarités qui pourraient unir le Soleil noir et le tapis du salon d’angle. Le premier est leur emplacement au niveau du sol : la mosaïque de Wewelsburg orne le sol de l’Obergruppenführersaal et le tapis décore le sol du bureau d’Emmanuel Macron. Claude Lévêque aurait-il intentionnellement fait de son œuvre un tapis (donc destiné à être posé sur le sol) dans le but d’évoquer la mosaïque de la salle des généraux SS ?
Une autre similarité tient dans leurs dimensions : environ trois mètres de diamètre pour le Soleil noir de Wewelsburg comme pour celui du lustre du tapis de Claude Lévêque (à trente centimètres près). Les deux photos qui suivent permettent de se rendre compte des tailles similaires de ces deux artéfacts. Claude Lévêque aurait-il choisi la taille de son tapis pour appuyer une référence à la mosaïque du château ?
Notons aussi, finalement, la forme singulière du château : trois tours reliées par des murs épais. C’est le seul château triangulaire d’Allemagne. Se pourrait-il que l’auteur du tapis ait représenté trois ampoules à l’intérieur du globe de son lustre pour faire allusion aux trois tours de Wewelsburg ?
Ainsi, on pourrait se demander si Claude Lévêque a composé son tapis, non seulement de manière à faire référence aux drapeaux néonazis et au symbole du Soleil noir, mais aussi pour designer très précisément la mosaïque du château de Wewelsburg.
Les cérémonies au château de Wewelsburg
Bien que le hall et la crypte de la tour nord semblent avoir été conçues par Himmler pour y organiser des cérémonies, les historiens ne peuvent pas affirmer qu’elles aient jamais été utilisées dans ce but par la SS et encore moins de quelle manière. En revanche, plusieurs témoignages concordent sur le fait que la tour a été, plus récemment, le théâtre de cérémonies très particulières : des rituels sataniques. Dans la vidéo qui suit (un extrait du documentaire « Die Schwarze Sonne » de Rudiger Sunner), le directeur du musée du château explique que des groupuscules cherchent constamment à s’introduire dans la crypte (et parfois y réussissent) pour y célébrer des messes noires. Les deux vidéos qui viennent après sont extraites d’un reportage de Liz Wieskerstrauch intitulé « Vivre l’Enfer – Le Combat des Victimes : Abus Rituels en Allemagne » (Höllenleben – Der Kampf der Opfer: Ritueller Missbrauch in Deutschland). Ce sont les témoignages terribles de femmes qui affirment avoir participé, dans la tour nord, à des rituels incluant des sacrifices sanglants. D’abord, « Nicki » se souvient qu’enfant, elle fut contrainte de participer à un rituel, allongée sur la mosaïque du Soleil noir de la salle des généraux et de commettre un infanticide. Puis « Karine » se souvient de la salle des généraux, de la crypte et d’un meurtre qui y fut commis.
Le nazisme et le satanisme
Les cérémonies décrites ci-dessus associent le Soleil noir, jusque là lié au mysticisme nazi de Karl Wiligut et de Heinrich Himmler (et plus récemment à la mouvance néonazie), à un autre type de culte : le satanisme. Nous notons alors que ce mélange de genres peut aussi s’observer sur un vêtement porté par Claude Lévêque. La photo ci-dessous montre l’auteur du tapis à l’exposition « Claude Lévêque » à la Galerie Kamel Mennour, rue Saint André des Arts, le 17 octobre 2015, à Paris. On l’y voit portant un t-shirt noir et blanc du groupe de thrash métal Slayer dont le dessin est inspiré des armoiries du Troisième Reich. La photo suivante permet de mieux voir le motif du t-shirt. On y reconnaît l’aigle impérial tel qu’il apparaît, sur la troisième photo, sur un casque de l’armée allemande de la seconde guerre mondiale du musée d’histoire de Gettysburg (USA) (la croix gammée en moins). La quatrième image montre l’emblème de la SS afin que le lecteur puisse apprécier la ressemblance entre l’initiale du nom du groupe telle qu’on la voit sur le t-shirt et la rune Armanen « sig » employée en double sur cet emblème. Slayer a traité le sujet du nazisme, notamment sur leur album Reign in Blood de 1986 et en particulier sur la chanson « Angel of Death » qui les a conduit à faire face à des accusations les présentant comme des sympathisants nazis tout au long de leur carrière (source : Wikipedia)
Remarquons ensuite, qu’en plus de l’aigle impérial et de la rune « sig », le t-shirt contient en son centre un pentagramme inversé. Slayer a en effet souvent utilisé l’imagerie satanique sur scène ainsi que sur des pochettes de disques et a évoqué ce sujet dans ses chansons (par exemple dans le titre Show No Mercy).
Nous reconnaissons que le fait de porter un t-shirt d’un groupe de métal peut ne traduire rien d’autre qu’un goût musical. Cependant, endosser un vêtement dont le motif est inspiré à la fois d’emblèmes nazis et d’un symbole satanique nous semble être un fait suffisamment remarquable quand il touche l’auteur d’une œuvre intitulée Soleil noir.
Liste récapitulative
Listons les liens que nous avons notés entre le tapis de Claude Lévêque et le Soleil noir nazi :
- l’homonymie : le tapis et le symbole nazi portent le même nom
- les formes : le tapis comme les drapeaux néonazis du Soleil noir contiennent un motif circulaire, rayonnant, inscrit au milieu d’un rectangle
- les couleurs : le tapis et les drapeaux du Soleil noir présentent un motif clair sur un fond noir
- les proportions : d’abord le rapport de la longueur et de la largeur du tapis est proche de celui de la longueur et de la largeur des drapeaux ; de plus, le lustre occupe sur le tapis à peu près le même espace que les motifs circulaires occupent sur les drapeaux
- la taille : le lustre du tapis et la mosaïque de Wewelsburg ont grossièrement le même diamètre
- l’emplacement : nous avons remarqué que le tapis est conçu pour être posé sur le sol, de la même manière que la mosaïque de Wewelsburg orne le sol de l’Obergruppenführersaal
- nous avons établit un parallèle entre les trois ampoules du lustre et les trois tours du château de Wewelsburg
- nous avons remarqué qu’en plus d’être lié au nazisme, Wewelsburg a aussi été le lieu de rituels sataniques et nous avons noté que Claude Lévêque a été photographié portant un vêtement illustré de symboles d’inspiration nazie et satanique.
Conclusion
Peut-on tirer des conclusions de notre analyse du tapis ? C’est au lecteur qu’il revient de juger de la pertinence de nos observations et d’évaluer la probabilité que Lévêque ait voulu faire allusion au symbole du Soleil noir nazi, voire à la mosaïque du château de Wewelsburg. Mais supposons un instant que le tapis fasse réellement référence à ce signe ésotérique et contemplons l’énormité de l’implication qui en découlerait : il faudrait admettre qu’Emmanuel Macron exerce la fonction présidentielle depuis son bureau, installé sur un immense (3,83 × 5,48 m) symbole du mysticisme nazi !
Au lieu d’apporter des réponses, notre recherche suscite de nombreuses interrogations. Si la référence était avérée, pourrions-nous déterminer le message ou l’intention de l’auteur ? Si message il y a, à qui est-il adressé ? De plus, au-delà du message intrinsèque à l’œuvre, le fait même que ce tapis ait été sélectionné pour décorer le bureau présidentiel pourrait-il constituer un signal en soi ? Si tel est le cas, quel serait ce signal et à qui serait-il adressé ? Selon le Mobilier national, qui gère les meubles d’État, le bureau « a été entièrement redécoré par Brigitte Macron ». Il est donc possible que la Première Dame soit responsable du choix du tapis et qu’elle puisse fournir des éclaircissements…
Que l’on croie ou non que l’artiste ait voulu faire allusion au symbole nazi, il est important de noter que nous ne disposons pas d’information suffisantes pour pouvoir juger ni son intention ni son caractère. D’ailleurs, peut-être en apprendrons-nous bientôt davantage sur son caractère puisqu’à l’heure où nous écrivons Claude Lévêque a été mis en examen pour viols sur des mineurs. Une enquête préliminaire avait déjà été ouverte en 2019 suite à l’accusation de viols sur mineurs de Laurent Faulon contre Lévêque mais en 2023, suite aux plaintes de deux nouvelles victimes, l’artiste a été mis en examen pour “viols sur mineur de 15 ans”, “viols sur mineur par personne ayant autorité” et “agressions sexuelles sur mineur de 15 ans par personne ayant autorité”.
Ces accusations envers le créateur du tapis dessinent un curieux parallèle avec le scandale qui entoure la rencontre d’Emmanuel Macron avec son professeur et future épouse, Brigitte Trogneux, alors qu’il était lui-même mineur.
Si l’on admet, de plus, les connotations occultes du tableau de Shepard Fairey accroché dans la même pièce (voir notre page Ceci n’est pas une Marianne) alors une concomitance plutôt surprenante se manifeste : non pas une mais deux des œuvres du bureau du Président seraient liées au monde de l’occulte. Non seulement Emmanuel Macron officierait au beau milieu d’un « Schwarze Sonne » (symbole sur lequel des rituels sataniques auraient eu lieu à Wewelsburg), mais en plus un sigil de Baphomet à peine dissimulé (tourné de 180 degrés) dominerait la scène depuis le mur du fond.
La photo suivante, publiée dans Le Monde, semble avoir été soigneusement composée pour montrer à la fois le tapis de Lévêque, au centre duquel se tient le Président, et le tableau de Fairey dont le pentagramme est mis en valeur par la tache de lumière projetée par le photographe sur cette peinture.
Signalons une autre coïncidence assez curieuse : tout comme Claude Lévêque, Shepard Fairey a lui aussi porté un t-shirt décoré d’un pentagramme inversé. Nous pouvons donc affirmer que deux auteurs dont les œuvres figurent dans le bureau d’Emmanuel Macron ont porté des vêtements ornés de ce signe. Ne s’agit-il là que d’actes anodins ou faut-il y voir autre chose ? Les artistes ont-ils voulu signaler quelque chose ? Quoi et à qui ?
Évoquons finalement, par souci d’exhaustivité, la dernière coïncidence que voici : Claude Lévêque et Shepard Fairey ont tous les deux produit des œuvres surprenantes et aux couleurs bleu, blanc, rouge en réponse aux attentats terroristes ayant eu lieu à Paris en 2015. En effet, quelques semaines après les attentats de janvier 2015, Lévêque dévoila une œuvre de néon tricolore assez déconcertante : « Regarde les rire » (voir la photo ci-après). De son côté, Fairey créa son œuvre Liberté, Egalité, Fraternité aux couleurs du drapeau français suite aux attentats terroristes du 13 novembre 2015.